Une autre journée comme les autres. Une journée où je devrai torturer des humains pour qu'ils fassent leurs travaux comme du monde, les surveiller pour qu'ils s'acquittent de leurs tâches... J'en ai un peu marre. Je suis las, ces jours-ci. Aucune réelle source de divertissement ne s'offrait à moi.

Fidèle à mes habitudes depuis que je suis devenue la reine de l'Hagalland, je me lève, m'étire pendant un moment, puis je regarde au travers de la fenêtre. Une autre tempête menace d'éclater autour du château. Quelle plaie.

En me dirigeant vers ma garde-robe, je remarque que la porte menant au couloir est entrebaîllée. Je vais vérifier qu'il n'y a personne, puis je la referme. "Comme c'est curieux, la porte était fermée quand je me suis couchée hier soir..."

Je hausse les épaules et revient vers ma garde-robe. Je passe au travers de tout son contenu, jettant par terre tout ce qui ne m'intéresse pas de porter aujourd'hui. Puis, je tombe sur un costume d'alter. C'est une paire de leggings noirs, une camisole de même couleur ainsi qu'un long manteau de cuir noir assorti. Les bottes sont dans le même style et faites dans le même matériau de mon manteau. L'emsemble ressemble beaucoup à ceux de l'époque de la véritable Manaëlle.

- Voilà qui fera l'affaire.

J'enfilai en vitesse mes vêtements et me dirigeai vers le hall d'entrée de mon somptueux château. En chemin, je m'arrête aux cuisines, piquant quelques aliments dans le frigo. Mais lorsque j'arrive au hall, quelques alters, dont le commandant, viennent me rejoindre.

- Lady Manahel, dit-il. Nous avons repéré des intrus près de la frontière de votre royaume. Nous ne sommes toutefois pas certains de leur nombre.

- Très bien, dis-je avec le sourire. Allons rendre visite à ces nouveaux arrivants.

Les alters ne firent rien, et je m'impatientai.

- Mais qu'attendez-vous? Le Pape?! Il ne viendra pas, il est mort et enterré depuis longtemps! Alors allons-y!

Les alters se mirent à courir devant moi vers l'hélicoptère qui me servirait de transport. Je montai à bord, puis l'engin décolla.

* * *

Presque trente minutes séparent le moment où j'ai monté dans l'hélico et celui où j'en descends. Les frontières sud de mon pays sont assez rapprochées du château où je vis. L'engin s'est posé dans un clairière non loin de l'endroit où les alters avaient vus les intrus entrer. On pouvait voir les traces qu'ils avaient laissées dans la neige derrière eux. "Ce sera comme un jeu d'enfant, retrouver ces gens" me dis-je avec un sourire.

Mes alters derrière moi, je suivis les traces qui se trouvaient dans la neige, jusqu'à temps que je distingue quelques silhouettes un peu plus loin devant. Accélérant la marche, je les rejoignit en peu de temps.

- Tiens tiens, depuis quand on vient en douce sur le territoire d'une des filles de Loki? dis-je avec un sourire sadique.

À bord du Nocturnus, l'équipage composé d'Ael, Hati, Razan, Jason et Brutal prenait du temps pour se reposer. Leurs dernières péripécies n'aillant pas été de tout repos, tous étaient très fatigués et s'étaient trouvé un coin confortable de l'appareil pour décompresser. Ael tentait bien que mal d'attirer l'attention de Jason pour se faire pardonner, mais sans succès. Jason restait de glace à ses arguments. Brutal regardait par le hublot à sa droite et baillait une fois de temps en temps. Razan, quant à lui, était aux commandes de l'appareil, et ne se rendait pas compte qu'Hati avait posé son regard sur lui. Maintenant qu'il avait retrouvé son propre corps et n'étaient plus ce Karl Sigmund, vieux et faible, Hati le trouvait plus séduisant que jamais. Malheureusement pour elle, jamais n'aurait elle la patte sur lui, et il lui avait bien fait comprendre. De l'avoir embrassé avait été une tragique erreur de sa part, et qui avait refroidit Razan à tout jamais sur son compte. " De toute manière, il ne pourra pas bien s'intéresser à Arielle plus longtemps. Lorsque Kalev et sa princesse s'uniront, ce sera fini pour lui. " En effet, Hati gardait espoir comme quoi un jour il accepterait qu'Arielle ne pourrait s'unir à lui et qu'il se retournerait vers l'alter qui l'avait toujours aimé et même qui lui avait sauvé les fesses à plusieurs reprises. Par contre, l'alter gardait toujours amèrement la pensée qu'à l'union de Kalev de Mannaheim et d'Arielle, elle disparaitrait de la surface de Midgard. Pendant un moment, elle se demanda si Tyr la reprendrait sous son aile... " En tout cas, j'espère ne pas être envoyé dans ce néant éternel... beuh. Déjà que je suis condamnée à être seule toute ma vie, je ne veux pas l'être pour l'éternité! "

C'est alors qu'une légère secousse fit trembler l'appareil. Tout le monde se regarda, légèrement inquiet, mais après quelques secondes, ils reposèrent leur tête sur le mur de l'engin. À peine trente secondes plus tard, le nocturnus trembla si fort que tous eurent le saut.

- Mais qu'est-ce qui ce passe! lança Ael.

C'est alors que Razan dit, par dessus son épaule : " Nous manquons d'essence! Nous allons nous écraser! "

Il y eut un long silence où tout le monde fut figés par la nouvelle.

- Je vais tentai un atterrissage forcé. Ce ne sera pas de tout repos, et je crois que lorsque nous auront attérit, nous ne nous feront pas acceuillir comme des rois.

Hati voulu lui demander ce qu'il voulait dire par là mais plusieurs secousses l'en empêchèrent et, en regardant dans le hublot tout en attachant sa ceinture, elle remarqua que l'engin perdait de l'altitude à une vitesse alarmante. Au bout de quelques manoeuvres, Razan réussit à stabiliser le Nocturnus, mais ne pouvait rien faire pour l'empêcher de tomber. Hati ferma les yeux et tenta de se calmer, tout en se tenant un peu trop fermement sur les appuis-bras qu'elle défonça. La Terre où ils allaient atterrir semblait grossir devant leurs yeux. C'est alors qu'un grand bruit inquiétant, suivit d'une énorme secousse - Hati se félicita de s'être attachée - les signala qu'ils venaient d'attérir avec succès. Ils roulèrent un bon moment et on entendit presque le coeur de tous reprendre un rythme normal. Lorsque l'appareil se stabilisa, l'équipage félicitèrent Razan et sortirent du Nocturnus.

Au moment où Hati sortit, elle respira une grande bouffée d'air frais et la porte se referma derrière elle.

- Bon, où sommes nous, Razan? demanda Hati, un peu inquiète.

En effet, il ne faisait pas très chaud et une tempête s'annonçait. Des petites goutelettes de pluie perlaient déjà dans les cheveux bruns foncés de Hati, et les bourrasques de vent lui donnait la chair de poule, tout en claquant son manteau de cuir sur ses jambes. La lune Noire brillaient de milles feux et Hati aurait parié qu'elle leur jetait un oeil malveillant.

- Pour tout dire, on se trouve dans l'Hagalland. C'est à dire, le territoire d'une des soeurs reines. Si je ne me trompe pas, elle doit probablement s’appeler Manahel ou un truc comme ça.

Il y eut un long silence malaisé où tout le monde regardèrent autour d'eux. Pour l'instant, l'endroit semblait désert, aucun danger à l'horizon.

- On aura droit à un comité d’accueil si on ne déguerpit pas d'ici! lança Brutal, brisant le silence au coup de hache.

Ael, contrairement aux autres, regardaient dans une direction opposée, et resserait déjà ses doigts sur Adelring.

- Tient tient. Je pense qu'ils ont été plus rapides que nous sur ce coup-là! lança Ael.

Tous se retournèrent pour voir ce que regardait Ael et virent un hélicoptère qui venait d'atterir un peu plus loin. Avec un peu de chance, peut-être pourraient-ils s'échapper? C'est alors qu'une dizaine d'alters qui suivait une grande femme qui aurait été très séduisante sans cet air complètement psychopathe. Hati sut aussitôt qu'ils auraient à faire à une fille de Loki. " Tient, on a eu le droit à la grande visite privilégiée, à ce que je vois. " pensa-t-elle.

- Tiens tiens, depuis quand on vient en douce sur le territoire d'une des filles de Loki?

Avec un peu de chance, peut-être que Manahel ne les connaisseraient pas. Avec un peu de chance, Hati pourrait se faire passer pour l'un des alters qui travaillent pour elle... Le minet aussi... Mais deux alters/animalters accompagnés d'une walkyrie (qui détient Adelring), d'un fulgur et d'un humain? Non, le mensonge ne serait pas approprié pour la situation. Ils devraient se battre, sans aucun doute.

Hati et Brutal tenant fermement le manche de leur épée fantôme, Ael aillant le nom de sa dague de glace sur le bout de la langue, Jason étant près à user de ses marteaux, il n'y avait que Razan qui était dépourvu d'arme, en plus d'être le seul être humain ici présent.

- Eh moi, je peux même pas me défendre! soupira-t-il, en jetant un regard envieux aux armes de tout le monde.

Ael, les mains dans le dos afin de cacher son bracelet d'or, prit la parole.

- Nous avons manqué d'essence, notre engin a été forcé d'atterissage, risqu'a-t-elle, sans trop savoir si, comme Hati, il était mieux de jouer les rescapés ou de se battre pour la survie.

Un sourire se dessina sur mes lèvres quand je vis le petit air surpris que le groupe a pris. Certes, j'avoue que ce n'est pas souvent que je rends visite à ceux que mes alters trouvent aux frontières de mon royaume. Mais cette fois-ci, je me suis dit que ça pourrait devenir intéressant. Alors je suis venue.

Mes alters étaient déployés de façon à ne laisser aucune issue à ces gens venus de l'extérieur. Cependant, ils n'avaient pas braqué leurs armes sur les étrangers, ils doivent attendre mon signal. Je ne voulais surtout pas qu'ils fuient. Oh que non, sinon je serai obligée de me servir d'un bon esclave pour assouvir ma soif de torturer les humains. Et qui dit esclave dit la construction de mon grand château! (qui n'est pas tout à fait finie, soit dit en passant).

Les étrangers dégaînèrent leurs armes, sauf un.

- Eh moi, je peux même pas me défendre!

Cette remarque me fit sourire. Un pauvre humain ne serait pas en mesure de se défendre à coups d'épée contre mes supers alters et leurs pistolets semi-automatiques.

- Même si tu avais une arme, elle ne te servirait à rien, très cher.

Je pris une petite pause, puis demandai d'un air faussement innocent et intéressé:

- Puis-je savoir ce que vous venez fabriquer aux frontières de mon royaume?

L'une d'entre eux prit la parole.

- Nous avons manqué d'essence, notre engin a été forcé d'atterissage.

Je les gratifiai d'un large sourire. Je ne posai pas plus de questions, mais à la place, je marchai lentement vers l'une d'entre les nouvaux venus. Son visage me semblait familier. Je crois qu'elle est une alter. Elle me faisait penser à quelqu'un que je connais.

- Tu ressembles étrangement à l'une de mes soeurs. Enfin, C'est une toute petite ressemblence, si tu veux mon avis.

Je reculai de quelques pas, affichai mon plus beau sourire et écartai les bras, comme si je voulais donner un gros câlin aux étrangers.

- Je ne poserai plus de questions, mais laissez-moi vous dire ceci: Bienvenus dans l'Hagalland... même si normalement, je vous dirait bien le contraire.

À ce moment précis, les alters autour de moi et des intrus braquèrent leurs armes sur eux, le doigt sur la gachette et prêts à tirer le moment venu. Je baissai les bras, et remarquai que certains d'entre les nouveaux avaient l'air de vouloir me sauter à la gorge. Ils bouillaient sur place avant même que je commence à les torturer devant les autres!

- C'est inutile de faire ça, vous savez, ils me protègent et vous ont à l'oeil, dis-je en pointant les alters. Au moindre geste suspect, POUFFF!!! Vous êtes morts. Soyez prudents si vous ne voulez pas mourir avant que l'amusement ne commence!

Ces dernières paroles, je les ai dites en immitant quelqu'un tirant sur sa cible avec un fusil. Je suis sadique, mais je peux l'être encore plus. Mais bon, ça devra suffire pour le moment. Et pour une raison que je ne connais pas, j'avais un bien mauvais préssentiment...