Rose était en route vers la base fulgur Volsung, en compagnie d'Émile, Sim, l'oncle d'Arielle et ce chien que son trouillard de petit ami craignait presque plus que le minet. Elle avait le sentiment que les choses allaient changer promptement. D'ailleurs, ça avait déjà commencé; les alters n'allaient pas tarder à révéler aux humains l'existence des elfes noirs, afin de les amadouer pour qu'ils les aident à les éliminer de Midgard. Bien sûr, tout ça en cachant leur existence, évidemment. Une bande de lâches, c'était le cas de le dire. Mais tout ça allait déclencher l'avènement de la lune Noire, elle le savait. Enfin, elle pourrait revoir son amant, Loki. Mannaheim serait alors divisé en dix-neuf territoires dirigés par les sœurs Reines. juste à cette pensée, un frisson lui parcourut l'échine. Un frisson d'excitation et d'impatience. Ce qu'elle attendait depuis si longtemps allait maintenant se produire. Leur plan avait marché. Elle ressentait un sentiment d'euphorie, à un cheveu de la folie. Émile, son "petit ami" lui saisit la main, alors elle se retourna vers lui et l'embrassa, en songeant que bientôt il ne serait que poussière. Bon débarras.

L'oncle Sim leur indiqua qu'ils allaient arriver d'un moment à l'autre. Rose se demanda alors comment ce serait de passer tant de temps dans une base fulgur. Ça pourrait être amusant, songea-t-elle. Quelle ironie. Se retrouver avec les guerriers de Thor, le "neveu" de son amant. Celui qui se croyait meilleur que tous avec ses costumes préhistoriques... Peut-être que ses fulgurs auront plus de classe que lui, et plus de goût. Bon, de toute façon, elle avait vu bien pire...

Lorsque la voiture s'arrêta, Rose sortit de celle-ci sans demander son reste. Elle se dirigea vers ce qu'on pourrait qualifier de camp d'entraînement. Cet endroit, très bien fortifié, contenait des tonnes de fulgurs de battant à l'épée, de façon très organisée. De vrais petits soldats de plomb... Saisissant la main de ce débile d'Émile, elle suivit l'Oncle Sim vers ce qui semblait être le bâtiment principal. Il était évidemment plus gros que les dortoirs qui s'étendaient sur une assez longue distance. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la grande bâtisse, Sim interpella un homme dans la quarantaine; Laurent Cardin, l'associé de Karl Sigmund. Tu n'es pas du bon côté si tu veux vivre mon gars, pensa Rose, un sourire sadique se dessinant sur ses lèvres. Sim lui expliqua qu'ils devraient se réfugier ià cet endroit s'ils voulaient être en sécurité, et pour une certaine période de temps. Il accepta sans hésiter, un sourire bienveillant sur les lèvres. Cardin leur indiqua le chemin à prendre pour se rendre dans leurs dortoirs. Ils sortirent puis traversèrent la cour, leurs bagages à la main.

Arrivée au dortoir en question, Rose y installa ses effets personnels, c'est-à-dire le strict minimum, compte tenu du fait qu'ils devaient déguerpir le plus rapidement possible de Belle-de-Jour. Comme il était tard, Elle ne prit même pas la peine de saluer son "petit copain" et se mit immédiatement au lit, n'ayant pas envie de s'imbiber encore de la stupidité humaine. Elle n'endormit rapidement sans trop se tracasser, ça ne servait à rien. Elle ne devait qu'attendre. C'est ce qu'elle faisait depuis si longtemps...

Le lendemain matin, après s'être préparée, elle quitta sa chambre et rejoignit Sim et Émile à l'extérieur. Lorsque Sim l'invita à le suivre vers la cafétéria, elle le regarda d'un air dédaigneux sans qu'il ne s'en rende compte et le suivit. Lors de leur trajet, ils traversèrent la cour, là où s'entraînaient déjà quelques fulgurs. Une silhouette au loin attira son regard. C'était une femme. Plus précisément, une Walkyrie, de toute évidence. Oui il arrivait que certaines d'entre elles allaient à des bases fulgures... Mais celle-ci semblait différente. Rose ne se sentait aucunement menacée par elle, loin de là, bien loin de là... Mais le fait qu'elle était là rendrait peut-être son séjour plus palpitant. Étrangement, cette fille n'était pas blonde, comme la grande majorité des Walkyries, mais bien brune. Une petite garce originale, celle-là... Songea-t-elle, sans la moindre émotion. Le regard de la guerrière se détourna alors vers elle. Rose regarda donc devant elle en poussant un petit rire ironique qui lui fit s'attirer le regard curieux d'Émile.

Dans la cafétéria, elle s'assit à une table et demanda à Émile de lui ramener un sandwich. Et qui ne vit-elle pas se diriger vers elle d'un pas décidé? La reine des petites brunettes...